EdF (D) : Soubeyrand intervient en France et en Allemagne
Avec la France, Sandrine Soubeyrand a basculé. Captain Blue, elle détient le record de sélection (163 capes). Après deux victoires contre le Nigeria et le Canada, l’entame sans faute de son équipe en Coupe du monde n’en est que plus savoureuse. Le joueur de Juvisy s’est dit récompensé pour le travail accompli avant le dernier match de mardi contre l’Allemagne dans le groupe A.
Sandrine, on met la France à peu près au même niveau que le Canada au début de la Coupe du monde. Jeudi pourtant, ce 4-0 est en votre faveur, mais la différence est fulgurante…
Comme, entre ce que nous avons prédit et ce qui s’est réellement passé… chaque match est différent, et si nous le faisions en trois jours, le score pourrait ne pas être le même. Nous ne les avons pas dépassés, mais nous avons été efficaces et nous avons pu marquer dans les gros moments. C’est aussi la raison de la différence.
Après un début un peu tendu face au Nigeria, on avait l’impression de voir une équipe de France se défouler et entrer à plein dans la Coupe du monde. Cette victoire peut changer votre état, n’est-ce pas ?
Le premier match, pour commencer le match, on sait que ça ne va pas être facile. Beaucoup de nos joueurs n’ont pas d’expérience en Coupe du monde et nous sommes un peu impatients, mais nous sommes quand même un peu réservés. Le Nigeria est l’équipe la plus faible a priori mais nous ne sommes pas forcément lâchés. Nous avons réussi au fur et à mesure que le jeu avançait… quand vous commencez avec une victoire, les choses s’améliorent. Tout s’est joué dans le match 2, et avec la défaite du Canada contre l’Allemagne, nous savions que si nous gagions, nous nous qualifierions. Mais nous avons aussi vu le Nigeria, ce n’était pas facile, l’Allemagne a également eu du mal à gagner 1-0. C’est un peu une inconnue, mais un beau résultat au final. Cela nous permet d’aborder le Canada avec une confiance psychologique. Il nous a fallu un quart d’heure pour arriver au deuxième match, mais on sait aussi que dans les matchs internationaux, les 15 premières minutes sont très importantes et le plus important est de bien jouer. Après cela, nous pouvons installer notre jeu.
Vous, qui avez vécu de nombreuses campagnes avec cette équipe, pouvez certainement nous expliquer la différence fondamentale entre la campagne en 2003 et le début de la Coupe du monde en 2011…
Nous travaillons beaucoup. Nous avons profité de cet échec contre des nations puissantes lors de notre premier engagement. Nous avons travaillé pendant huit ans et avons beaucoup appris. A l’Euro 2005, nous aurions pu sortir de la piscine, mais cela n’a pas changé grand-chose. Notre état est en train de changer. Avant cela, nous marquions des buts chaque fois que nous en avions l’occasion. Contre le Nigeria, elle est arrivée seule à notre but et elle a tiré sur le côté. Il faut un peu de chance pour avancer dans le jeu, car pour le moment on l’a. Nous avons davantage confiance en nos possibilités, fruit d’un travail de longue haleine, tant au club qu’en sélection. Notre équipe mûrit. De nombreux joueurs ont évolué ensemble à Clairefontaine, couvrant différentes générations. Il faut beaucoup de temps pour mûrir, on dit que les garçons ont environ 26 ans…
En tant qu’individu, comment avez-vous été capitaine dans le cadre de la Coupe du monde ?
J’essaie de faire attention à ce que personne ne aille à droite et à gauche. Si nous sommes ici, c’est parce que nous avons tous un objectif commun. Ce qui nous rend forts, c’est notre unité et notre état d’esprit. Parfois, dans les étapes finales, il peut arriver qu’il soit plus individualiste. Je veux juste que tout le monde voit la même chose. Il y a ceux qui jouent et ceux qui ne le font pas, et tous les joueurs doivent tirer dans la même direction. Les gens qui ne jouent pas, veulent donner de la joie à la vie, il faut aller vers eux. C’est un peu compliqué, et on l’apprend parfois à la dure dans les phases finales. Quand ça ne va pas, mon rôle est de recalibrer un peu, ou de remonter le moral et redonner confiance à ceux qui ne sont pas forcément grands. Le match est à 21 et nous avons besoin de tout le monde. Il n’y a aucun sentiment d’unité et de mentalité, parfois ça s’en va, parfois c’est génial. Il faut être très prudent, tout le monde est concerné. On vient tous jouer et les gars sur le banc auront une expérience différente car ils ont la frustration de ne pas jouer, mais ce sont aussi eux qui nous font gagner à un certain moment.
“Champion du monde, possible”
Si vous ne perdez pas contre l’Allemagne mardi, est-ce que garder la première place du groupe est un véritable objectif, ou la qualification de quarterback que vous avez déjà acquise vous fera-t-elle changer d’équipe ?
Je ne déciderai pas, mais il vaut mieux finir premier. Après cela, je préfère finir deuxième et me rendre en demi-finale plutôt que de terminer les quarts de finale devant. La qualification permet déjà à chacun de jouer au moins un match. Je ne connais pas l’état d’esprit des technologues, mais il ne faut pas se tromper de cible. Le numéro un est bon pour les classements, mais un quart est une priorité.
La victoire de Lyon en Ligue des champions vous a-t-elle aidé à prendre confiance en vos moyens ?
doit. Les Lyonnais ont travaillé avec une mentalité conquérante tout au long de l’année, ce qui a renforcé la confiance. Maintenant, c’est un autre jeu, c’est un jeu de classe mondiale. On surfe sur cette vague, mais aussi sur le travail acharné qu’on fait au club. L’an dernier, Montpellier a presque atteint les demi-finales, Lyon a perdu en finale, la Juvesi a perdu en quarts de finale cette année… Toute l’expérience accumulée en Ligue des champions donne confiance. Mais le jeu est différent, tous les compteurs sont remis à zéro. Ce n’est pas parce que nous sommes champions d’Europe que nous devenons champions du monde et vice versa. Les Allemands ont perdu à Potsdam et ont peut-être gagné la Coupe du monde… cela fait trois semaines et la saison est terminée… mais tout ce qui s’est passé nous a donné plus de confiance.
Pouvoir s’appuyer sur une tireuse incroyable comme Marie-Laure Delie, ça joue assurément…
Oui, mais nous comptons dessus comme tout le monde. Nous avons marqué plus de 50 buts en un an et Marie Raul a marqué 10 buts en six ou sept matchs. C’était décisif, mais beaucoup d’autres ont marqué. La première chose à retenir, c’est que beaucoup de joueurs sont capables de jeter le filet, on l’a vu en qualifications, comme lors des deux premières courses de la phase finale. C’est plutôt ce qui compte car si on se repose sur une seule joueuse, on aura du mal à marquer le jour de son absence.
Nous avons dû vous poser 100 fois cette question, mais vous attendez-vous à ce que cette Coupe du monde change l’image du football féminin en France ?
Avec nos résultats, nous essayons de changer les mentalités. La Coupe du monde offre un énorme coup de projecteur, c’est sûr. En Allemagne, quand on change de chaîne TV, on diffuse en direct la conférence de presse de l’équipe allemande. Il y a un studio à côté de l’hôtel et toutes les deux heures une chaîne nationale publie une déclaration à leur sujet. Leurs matchs sont diffusés sur ZDF, l’équivalent français de TF1, c’est donc une scène extraordinaire qui met en valeur l’existence du football féminin. Nous n’avons pas besoin de changer, c’est juste la façon dont les gens voient les choses… Quand vous voyez Franz Beckenbauer ou quelqu’un parler de football féminin, cela a du sens pour eux car ils sont à la télévision chaque semaine. Par conséquent, la comparaison n’a pas de sens. On fait le même sport avec des qualités différentes.
Au final, il faut bien mouiller Sandrine : tout le monde se met dans le jeu, alors la France peut-elle devenir championne du monde ?
On en rêve tous de toute façon (Le sourire) ! Nous avons autant de chances de nous qualifier pour les quarts de finale que les sept autres équipes, mais il y a trop de paramètres… Nous ferons de notre mieux pour aller plus loin. Champion du monde, c’est possible.
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